La Peña del Sol CP 7210 CH-1002 Lausanne
Partir
En construisant des ponts d'une seule main
Partir,
Ètre présents, être absents
Les jours qui naissent, les jours qui meurent
Dans le
désordre de la valise
Comment oublier les nuages
Avec lesquels notre enfance dessinait des fées ?
Partir
Dans le miroir concave des yeux,
Le soleil dans les poches
Partir
Sauter au delà du cresson
Du champs de blé
De la marmite
Imaginer des champs dans lesquels un condor, libre,
Chanterait nos larmes
Partir
Sans dire quel oubli s'unit à la mémoire
Quel souvenir obscurcit le feu
Partir
en donnant forme au vent
Se détacher.
Partir
avec ses racines, sans renoncer
A étancher sa soif
Partir
avec le sourire brisé d'une mère
Vêtir le silence
Sentir la vie s'en aller de son corps quand au loin,
Un mouchoir pleure
Partir
avec un secret couleur de ciel
Rêver pour les autres. Un jour les jouets ne viendront plus des sapins
Mûrir la figue
Mûrir à cause du figuier stérile
Partir
sans allumer la cigarette pour qu'il nous reste une allumette
Comme une lampe précieuse
Partir
en retardant la montre pour revenir à temps
Partir
en disant adieu et en laissant Dieu à notre place
Partir
Pour qu'aujourd'hui mène à demain
Même si les instants désespèrent
EMIGRANT, poème de Norah Zapatta Prill (traduction : H. Pfersich)